« L’expo s’appellerait le nom d’une île - suspendue au double-sens - et que l’on ne vienne pas me demander laquelle, où chacun aurait le pouvoir qu'il faut et celui d'archiver les corps réinventés élastiques dans la liberté offerte par le dessin - sur papiers ou sur murs à Rome, Shantiniketan, Malakoff, Conakry, de retour ou sur place.
Le mot grottesque fut un billet d'entrée pour la villa Médicis, et personnage un mot clé toujours actif, des figures actionnant des scènes, des figures militantes, porteuses d'un bonheur de vivre, d'une liberté vécue affichée vertement, l’espace distendu par celles-ci éparses, condensées, qui ont dansé souvent avant d’être fixées.
Le remplissage ou le coloriage ou le motif bizarrement décoratif apporte sans en avoir l’air quelque chose de nouveau et parfois même de décisif à l’orientation du dessin, imprimée l'impression de pouvoir tout inventer ou reinventer.
À partir de 2007 il y eut du nouveau: la nécessité arriva de dessiner des mots, des mots parmi les figures, mot seul, exilé, mot autobiographique au poids colorié pris au pied de la lettre, mot voulu vermoulu qui a le coloriage pour fin et pour moyen à la fois. À la fin, presque la saveur d’un titre molletonné à l'épaisseur psychédélique. »

Béatrice Cussol
 

béatrice cussol

Béatrice Cussol est née en 1970 à Toulouse. Elle est artiste et écrivaine.
Diplômée de l'école des Beaux-arts de Nice, elle réside et travaille à Malakoff tout en donnant des cours à l'école supérieure d'art de Rouen. Elle fait son entrée en littérature en 2000, dans la collection « Le Rayon », dirigée par Guillaume Dustan. De 2009 à 2010, elle est pensionnaire de la Villa Médicis. L'artiste développe une pratique du dessin engagée. Elle détourne la pratique de l'aquarelle, ce médium du loisir - des femmes, des peintres du dimanche, etc. - au profit d'une oeuvre féministe. Elle emprunte notamment à l'aquerelle la légéreté de ses formes pour en faire une création expressive, voire expressioniste, et transgressive. La douceur rosée de l'aquarelle entre en contraste avec la crudité des scènes, se fait élégante et explicite, volatile et profonde, légère et orientée, drôle mais inquiétante. 

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