Pendant la première période de confinement, chaque vendredi l'équipe en charge du pôle médiation et éducation artistique, a proposé de découvrir les œuvres de Louise Pressager par le biais de promenades sonores.
Ces promenades sont conçues et réalisées par Elsa Gregorio, chargée du pôle éducation artistique et médiation.
Alors à vos écouteurs !
27/03/2020 - Episode 1: Partez à la découverte de l’une des œuvres de l’exposition vous êtes l’heure, je suis le lieu qui présente le travail de Louise Pressager et les compositions de Ferdinand. Un moyen de pénétrer par la voix l’espace d’exposition, de la faire vivre, de raconter des histoires et de développer son imaginaire…
03/04/2020 - Episode 2 : La couleur jaune nous a amené.e.s dans l’espace des “souvenirs” où nous avons suivi les péripéties de la bonne élève. Aujourd’hui nous rencontrons plusieurs personnages, traversons des identités, oscillons entre le féminin et le masculin. Je crois que j’oserais te dire je t’aime confie Louise Pressager dans cette chanson, pour laquelle Ferdinand a réalisé la composition.
10/04/2020 - Episode 3 : Aujourd’hui nous suivons le mot “psy”, guidé.e.s par la couleur rouge, nous arrivons dans une salle d’attente : des chaises pour patienter, des magazines à consulter, et surtout un clip vidéo à regarder et écouter. Rendez-vous manqué présente les aventures de Supermalade, personnage inventé par Louise Pressager, qui se perd dans les arabesques du tapis persan et s’imagine dans une réalité mouvante. Cette dernière aborde en effet la question du transfert, ce lien si particulier qui unit le.a psychiatre à un.e patient.e « qui (…) prend pour de l’amour ce qui n’est, en fait, qu’un embrasement d’anciens émois. » (Saverio Tomasella, Le transfert).
17/04/2020 - Episode 4 : Le mot “HP”, relié à la couleur verte, nous guide dans un nouvel espace qui présente un film muet avec bruitages, intitulé ça va mieux, ayant pour thématique la maladie mentale. Construit en chapitres, il se présente comme un récit humoristique et poétique de l’internement d’un patient névrotique portant sur la tête un entonnoir orange qui lui sert également de bol, de porte-voix, de sablier, de lance-pierres, de prothèse mammaire... ça va mieux est associé à un ensemble d’objets, d’images et d’accessoires présents dans le film. Ce fatras est réparti sur trois étagères portant chacune sur la tranche l’une des mentions suivantes: causes, symptômes, traitements. Les dessins, disposés en frise au-dessus de ces étagères, sont la dernière couche de ce millefeuille.
24/04/2020 - Episode 5 : Le mot « boulot » relié à la couleur noire nous conduit à l’étage du centre d’art, pour découvrir Le râle du pigeon.
Dans Le râle du pigeon, l’objet écran et l’objet clavier deviennent un espace à part entière, qui englobe deux animaux anthropomorphes dont les rôles sont interchangeables, ne tenant qu’aux masques et aux vêtements qu’ils se disputent chaque matin. « L’ordinateur devient une pièce, un lieu dans lequel on peut rentrer tout entier, il est spatialisé. »
Le pigeon collaborateur et le cochon manager y gesticulent, parodiant le célèbre jeu Twister dont l’amusement repose sur l’enchevêtrement loufoque des corps dictés par une boussole qui indique à quel endroit poser ses mains et ses pieds. Ce jeu qui tort, tortillonne et déforme les corps est à l’image d’un univers de travail qui impose « (…) une posture face à un mobilier spécifique » et dont « l’efficacité est ici désignée comme le fait d’être présent à son poste de travail, de faire ses heures, et d’y adopter une posture adéquate – se tenir droit et entretenir un cliquetis régulier sur le clavier de sa machine à écrire puis de son ordinateur ».
Ce clip-vidéo interroge ainsi le monde du travail, l’espace de l’open space et la place physique et symbolique que chaque personne occupe, sur une musique joyeuse et dansante composée par Ferdinand, qui interprète aussi l’un des deux personnages.
* Les deux citations sont issues de l’ouvrage « Open Space, entre mythes et réalités » de Marc Bertier et Sandra Perin.
01/05/2020 - Episode 6 : Le « ? » relié à la couleur bleue nous conduit à l’étage du centre d’art, pour découvrir « Le gros câlin ».
Dans cette vidéo foutraque, Louise Pressager se déguise en Jésus dans diverses saynètes mettant également en scène un second personnage vêtu d’un imposant costume de croix en tissu marron un peu rude. Volontairement mystérieux, ce film ne se veut ni érudit, ni iconoclaste.
Au-delà de la symbolique religieuse, Louise Pressager utilise la croix comme métaphore de la souffrance ; et se livre ici à une réflexion sur le rapport de l’homme (et de l’artiste en particulier) à sa propre douleur, oscillant souvent entre fuite, auto-complaisance et déni. L’artiste, sa souffrance et son œuvre, membres d’une nouvelle Trinité, s’affrontent et se fondent dans une forme de consubstantialité où tous les rôles sont réversibles.