L’agora est un espace de réflexion et de débat entre auteur·rice·s, acteur·rice·s, citoyen·ne·s, philosophes, chercheur·euse·s et spécialistes des questions écologiques. Véritable module pensé par l’architecte Olivier Vadrot, l’agora a la particularité de pouvoir se déplacer en extérieur.
Pour le cycle Les moulineuses, le centre d'art invite Aliocha Imhoff (Paris VIII) & Kantuta Quirós (Paris I) à investir l'agora pour proposer un séminaire de six séances autour des Écologies post-artistiques.
Dans un monde de chaos climatique, la notion d’institution d’art appelle à une urgente et complète refonte. Les pistes de travail visant à écologiser les institutions et faire de l’espace de l’art une répétition générale pour une bascule terrestre se sont depuis quelques années, multipliées, du tournant éco-assembléiste de l’art à la permacircularité muséale, de l’éco-pédagogie critique aux spiritualités radicales des éco-féminismes, tandis que les appels plus amples à bifurquer ou à déserter s’intensifient encore. Quels sont désormais les contours de ce tournant cosmologique et de ces pratiques qui doivent, d’un côté, leur condition de possibilité à l’art « sans en relever pour autant » - ce que l’on appelle « post-artistique » - et qui, de l’autre, tendent à faire bifurquer les institutions comme fonction, à rebours d’une nécropolitique muséale et d’une esthétique fossile ?
Une proposition d’Aliocha Imhoff (Paris VIII) & Kantuta Quirós (Paris I).
Partenaires et soutiens: Université Paris I – EAS ACTE (Axe Plasticités), Université Paris VIII – AIAC/TEAMeD & département Arts Plastiques et Le peuple qui manque.
programme du séminaire :
Séances de 16h-19h, entrée libre selon place disponible, avec traduction simultanée vers le français. Certain·es invité·es sont en visio (v).
mercredi 5 mars 2025
fermes artistiques & fermentations sociales
avec Léa Muller, artiste, Vivien Sansour, artiste, conteuse, chercheuse, fondatrice de la Palestine Heirloom Seed Library (v) et Kathrin Böhm, artiste, co-fondatrice de Myvillages (v).
Faire bifurquer les lisières des institutions artistiques invite aujourd’hui à les faire fuir depuis des modèles de contre-pratiques institutionnelles, telle que peut en constituer la ferme artistique.
mercredi 12 mars 2025
éco-démocraties
avec Jonas Staal, artiste (v).
Que ce soit par des processus néoconstitutionnalistes où des assemblées constituantes ont octroyé des droits juridiques à la Terre Mère, ou par la proposition théorique d’élargissement des parlements à une représentation des non-humains, nombreux sont les gestes qui cherchent à donner une représentation au vivant. Le tournant éco-assembléiste de l’art propose, quant à lui une scène d’essai, d’ajustement et de réajustement pour les formes d’éco-démocratie à venir.
mercredi 19 mars 2025
musées permacirculaires
avec Stéphane Verlet-Bottéro, artiste, écologue et curateur, Thomas Carnegie Jeffery, curateur, philosophe (v).
Pourrait on réimaginer les institutions d’art depuis un programme de muséologie éco-décoloniale d’un côté et de permacircularité, de l’autre, celle-là même qui cherche à déplacer le tropisme muséal de la « conservation » pour un programme plus en phase avec l’extinction en cours du monde vivant ?
mercredi 26 mars 2025
institutions post-artistiques
avec Stephen Wright, théoricien de l’art, directeur du Künstlerhaus Stuttgart et Marianna Dobkowska, directrice du Ujazdowski Castle Varsovie, membre du bureau des services postartistiques (v).
Quelles seraient les formes possibles de ces institutions à venir, ou plutôt de ces post-institutions, dont le fonctionnement serait « aussi étranger à l’art contemporain que l’art contemporain et ses institutions le sont à ceux de la Renaissance5 » ?
5Grégory Castéra, « Of Attentional Environments (The Pearl Necklace) », in Philipp Dietachmair, Pascal Gielen, Georgia Nicolau (dir.), Sensing Earth: Cultural Quests Across a Heated Globe, 2023 (notre traduction).
mercredi 2 avril 2025
post-plantation & fossil free culture
avec Renzo Martens, artiste (v) et Imani Jacqueline Brown, artiste, activiste et chercheuse (v).
L’artiste et chercheuse Imani Jacqueline Brown appelle « continuum de l'extractivisme », l’indissociable financement de l’art et de la culture par des multinationales pétrochimiques. Comment alors amorcer une culture libérée des énergies fossiles et du white cube comme « trompe l’œil - un lieu prétendument inclusif incapable de s’en prendre réellement à l’appareil privé de soutien de l’art6 » ?
6Renzo Martens
samedi 12 avril 2025
spiritualités éco-féministes & rituels post-séculaires
avec Yuna Visentin, autrice, Mohamed Amer Meziane, philosophe (v) et Saodat Ismailova, cinéaste.
Les spiritualités écoféministes, les cosmogonies et les luttes décoloniales cherchent à penser ce que voudrait dire décoloniser l’invisible, après plusieurs siècles de sécularisation. Des histoires impures qui mêlent sorcières, dragons souterrains, déesses, fantômes, énergies, esprits, rêves et mondes invisibles.
aliocha imhoff & kantuta quirós imani jacqueline brown jonas staal léa muller marianna dobkowska mohamed amer meziane renzo martens saodat ismailova stéphane v. bottéro stephen wright vivien sansour yuna visentin
aliocha imhoff & kantuta quirós
présentation
Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós sont curateur.rice.s, théoricien.ne.s de l’art, cinéastes, fondateur.ice.s de la plateforme curatoriale le peuple qui manque, créée en 2005 qui œuvre entre art et recherche. Elle et il mènent depuis quelques années un projet de recherche visant à une nouvelle écologie des savoirs à partir de scénographies de la pensée contemporaine (fictions diplomatiques, procès fictifs, assemblées et expériences de pensée à l’échelle 1 : 1). Parmi leurs derniers projets curatoriaux, mentionnons L’Ecole des Impatiences (Musée de Dieppe, 2022- 2023-2025); Pour un océanofuturisme. Manifeste pour des bifurcations architecturales depuis l’Océan Indien (Institut Français de Maurice, 2023) ; Politiques du silence (Esba, 2021) ; Et que demandent-ils ? À y devenir quelque chose (Biennale de Lyon, 2019) ; Le procès de la fiction (Nuit Blanche, 2017) ; Une Constituante migrante (Centre Pompidou, 2017 ; A Government of Times (Leipzig Hall 14, 2016) ; La frontera nos cruzo (Museo de la Inmigración Buenos Aires, 2015) ; Au-delà de l’effet Magiciens (Fondation Gulbenkian, Laboratoires d’Aubervilliers, 2015). Il et elle ont publié Qui parle ? (pour les non-humains) (Presses Universitaires de France, 2022), Les potentiels du temps (Manuella Editions, 2016) et dirigé Géoesthétique (Editions B42, 2014) et Histoires afropolitaines de l’art, Revue Multitudes 53-54 (2014). Il et elle sont membres du comité de rédaction des revues Multitudes et Festina Lente (centre d’art contemporain La Criée). Dans leur filmographie récente : Les Impatients (2019), Première déclaration du musée apatride (2018). Leur dernier film Pachakuti était présenté à la 6ème Biennale de Mardin (Turquie, 2024). Kantuta Quirós est maîtresse de conférence à Paris I Panthéon Sorbonne - Ecole des Arts de la Sorbonne, Aliocha Imhoff est maître de conférence à l’Université Paris VIII, département arts plastiques.
imani jacqueline brown
Imani Jacqueline Brown est une artiste, activiste et chercheuse en architecture originaire de la Nouvelle-Orléans et basée à Londres. Son travail porte sur le « continuum de l'extractivisme », qui s'étend du génocide colonial et de l'esclavage à la production de combustibles fossiles et au changement climatique. En exposant les couches de violence et de résistance qui constituent les fondements de la société coloniale, elle ouvre un espace pour imaginer des voies de réparations écologiques.
jonas staal
Jonas Staal est un artiste dont le travail traite de la relation entre l'art, la démocratie et la propagande. Il est le fondateur de l'organisation artistique et politique New World Summit (2012-en cours). Avec Florian Malzacher, il codirige le camp d'entraînement Training for the Future (2018-en cours), et avec l'avocat des droits de l'homme Jan Fermon, il a initié l'action collective Collectivize Facebook (2020-en cours). Avec l'écrivaine et avocate Radha D'Souza, il a fondé The Court for Intergenerational Climate Crimes (2021-en cours) et avec Laure Prouvost, il est co-administrateur de l'Obscure Union.
Ses projets d'exposition comprennent le Museum as Parliament (avec l'Autogestion démocratique du Rojava, Van Abbemuseum, Eindhoven, 2018-en cours), We Demand a Million More Years (Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin, 2022), Extinction Wars (avec Radha D'Souza, Gwangju Museum of Art, 2023) et Propaganda Station (Musée d'art contemporain, Zagreb, 2024). Ses projets ont été largement exposés dans des lieux tels que le Cooper Hewitt Smithsonian Design Museum à New York, le V&A à Londres, le Stedelijk Museum à Amsterdam, le M_HKA à Anvers, le Centre Pompidou-Metz et le Nam June Paik Art Center à Séoul, ainsi que la 7e Biennale de Berlin, la 31e Biennale de São Paulo, la 12e Biennale de Taipei et la 14e Biennale de Shanghai. Parmi ses publications figurent Propaganda Art in the 21st Century (The MIT Press, 2019) et Climate Propagandas : Stories of Extinction and Regeneration (The MIT Press, 2024). Staal a terminé sa recherche doctorale sur l'art de la propagande dans le cadre du programme PhDArts de l'Université de Leiden, aux Pays-Bas.
léa muller
Léa Muller est née en 1987 à Strasbourg. Elle vit à Bourg-des-Comptes et travaille à Saint-Jacques-de-la-Lande. Léa Muller pose un autre regard sur le territoire qui l’entoure et développe des outils d’appropriation et de lecture du paysage. Elle forge avec conviction un positionnement sur la façon dont on façonne nos territoires : aménager moins et comprendre mieux, construire avec un souci aigu de ce qui préexiste et de la ressource, développer une sensibilité pour les paysages ordinaires, prêter attention au vivant, concevoir le paysage comme la matérialisation concrète et visible de notre rapport au monde. Dans un souci d’ancrage, de transformation concrète d’un modèle de société, Léa Muller développe un projet de sylviculture douce et de transformation directe sur ses parcelles de forêt à Bourg des-Comptes ((35)).
marianna dobkowska
Marianna Dobkowska est curatrice et historienne de l’art, directrice depuis 2024 du Château Ujazdowski à Varsovie. Co-fondatrice de l'Office for Postartistic Services, elle envisage la pratique curatoriale comme manière d’établir des relations et favoriser des situations (souvent basées sur des collaborations internationales à long terme) réunissant des pratiques issues des domaines des arts visuels et des arts de la scène, de l'architecture et de la culture. Parmi ses projets curatoriaux, mentionnons Re-Directing : East seminars (2011-2020), exposition à la National Gallery of Indonesia à Jakarta Social Design for Social Living (2016), exposition-rencontre Gotong Royong. Things We Do Together (2017-2018). Elle est rédactrice en chef de Things We Do Together. Post-reader (Mousse Publishing et Ujazdowski Castle, 2020). Avec Sebastian Cichocki, Bogna Stefańska et Jakub Depczyński, elle a assuré le commissariat de Konteksty. Postartistic Congress (2021) et Postartistic Soft Seminar (2023) à Sokołowsko, en Pologne (2021). En 2023, elle a assuré le commissariat avec Sebastian Cichocki Postartistic Assembly-Polish Pavilion à la Biennale de Gwangju. Elle vit et travaille à Varsovie.
mohamed amer meziane
présentation
Mohamed Amer Meziane est philosophe et performer. Agrégé et docteur de la Sorbonne, enseignant à Columbia University, à présent professeur à Brown University.
Auteur Des empires sous la terre (La Découverte, 2021) et de nombreux articles, il est également membre du comité de rédaction de la revue Multitudes.
renzo martens
Renzo Martens est un artiste hollandais qui vit et travaille entre Amsterdam et Kinshasa. Renzo Martens a étudié les sciences politiques et l’art. Il acquiert une reconnaissance internationale avec les films Episode I, et Episode III: Enjoy Poverty, qui ont été diffusés dans plus de 23 pays et questionnent son rapport aux images de guerre et de pauvreté.
En 2012, Renzo Martens fonde au Congo l'Institute for Human Activities, un projet de recherche dont l’objectif est de démontrer que l’art qui critique les inégalités globales peut amener à leur dépassement. Non sur le plan symbolique, mais bien sur le plan matériel. Avec l’Institut, le Cercle d’Art des Travailleurs de Plantation Congolaises (CATPC) près de Lusanga dans le sud de la République Démocratique du Congo développe une plateforme locale pour le développement de nouvelles initiatives économiques basées sur la production et la vente d’art critique qui vise à améliorer la position économique de ses membres et de leur communauté. Sur une ancienne plantation d’huile de palme d’Unilever, ils ouvrent ensemble un White Cube emblématique, conçu par OMA. Avec l’édification du White Cube, les mécanismes par lesquels les plantations soutiennent le monde de l’art sont inversés. Bénéficiant des privilèges associés au monde de l’art, le White Cube attire le capital et la visibilité nécessaires à l’invention d’un nouveau modèle écologique et économique sur place à Lusanga. Les membres du CATPC façonnent des sculpture en argile qui sont ensuite scannées en 3D et reproduites à Amsterdam en chocolat et huile de palme avant d’être exposées en galeries et musées, les ventes permettant de racheter progressivement la terre à Unilever. Ils ont à ce jour pu racheter 85 hectares de terre qu’ils transforment en espaces riches et diversifiés, écologiques et égalitaires : la post-plantation.
saodat ismailova
présentation
Saodat Ismailova est une cinéaste et artiste ouzbèke. Entremêlant mythes, rituels et rêves, ses films étudient la culture historiquement complexe et stratifiée de l'Asie centrale, à la croisée des histoires matérielles et des héritages migratoires. Partant de son histoire personnelle, marquée par son enfance dans l'Ouzbékistan post-soviétique, Ismailova s'intéresse à la dimension collective de la mémoire. Ses recherches portent sur les connaissances ancestrales et les pratiques spirituelles traditionnelles de la région, ainsi que sur l'histoire moderne de l'Ouzbékistan, qui se manifeste par un travail sur les images d'archives. Elle a lancé le collectif de recherche Davra en Asie centrale en 2021 et a participé, l'année suivante, à la Biennale de Venise et à la Documenta 15. Elle a également reçu le Eye Art & Film Prize, à Amsterdam.
stéphane v. bottéro
Stéphane V. Bottéro est artiste et parfois curateur. Il travaille aux croisements de la pratique sociale, de l'installation, de l'écriture et du jardinage. Avec une formation en sciences de l'environnement, il s'intéresse à aux liens entre communauté, matérialité, corps et lieu. Basée sur des recherches in situ et des interventions de longue durée, sa pratique explore les pédagogies de la réparation. Il a co-initié la plateforme collaborative School of Mutants à Dakar en 2018. Son travail a été exposé dans des biennales, des musées et des festivals, notamment : ZKM, Karlsruhe ; 4e Biennale Autostrada ; Centre Pompidou Metz ; 12e Biennale de Berlin ; 14e Biennale de Dakar ; RAW Material Company, Dakar ; 12e Biennale de Taipei ; 7e Triennale d'Oslo ; Le Lieu Unique, Nantes ; Het Nieuwe Instituut, Rotterdam ; Sheffield DocFest.
stephen wright
Stephen Wright est un théoricien de l'art. Ses écrits se sont principalement concentrés sur la politique de l’usage, en particulier dans les contextes de pratiques collaboratives etextradisciplinaires avec des coefficients d'art variables. Ses recherches visent à comprendre le tournant usologique en cours dans l'art et la société en termes de théorie et de pratique escapologiques contemporaines. En 2004, il a organisé The Future of the Reciprocal Readymade (Apexart, New York), en 2005 In Absentia (Passerelle, Brest), en 2006 Rumour as Media (Aksanat, Istanbul) et Dataesthetics (WHW, Zagreb). Il est l'utilisateur fondateur du blog collectif n.e.w.s., northeastwestsouth.net. Il a été enseignant à l’EESI (Angloulème) et dirige depuis peu le centre d’art Künstlerhaus de Stuttgart avec Tamarind Rossetti.
vivien sansour
Vivien Sansour est artiste, chercheuse, autrice. Elle réalise des installations, des images, des croquis, des films, fait usage de sols, de semences et de plantes, donne vie à des récits culturels anciens et plaide pour la préservation des semences et la protection de l'agrobiodiversité. Vivien a fondé la Palestine Heirloom Seed Library en 2014, où elle travaille avec des agriculteurs en Palestine et dans le monde entier pour préserver les semences ancestrales et les connaissances bioculturelles. Son travail d'artiste, d'universitaire et d'écrivain a été présenté à l'échelle internationale. Vivien a récemment été Distinguished Artistic Fellow in Experimental Humanities au Bard College, et est actuellement directrice exécutive de la Palestine Heirloom Seed Library.
yuna visentin
présentation
Yuna Visentin est ancienne élève de l’École normale supérieure, professeure agrégée de lettres, autrice et animatrice d'ateliers d’écriture féministes. Après plusieurs années d’enseignement et de recherches sur les rapports entre littérature et philosophie juive, elle a publié un roman et un essai sur la reproduction des oppressions systémiques à l'école. Elle publie son troisième livre en 2024, Spiritualités radicales. Rites et traditions pour réparer le monde, aux Editions Divergences. Dans cet essai, préfacé par Myriam Bahaffou, elle s’interroge sur les reconfigurations politiques émancipatrices que les relations aux invisibles peuvent rendre possibles, en explorant notamment son expérience de la tradition juive. Elle poursuit ses recherches en indépendante, en s’intéressant notamment aux traditions radicales et anarchistes juives, aux féminismes juifs, aux pensées et aux luttes écoféministes et décoloniales - et à tout ce qui circule entre ces mondes.