Les installations de Zofia Lipecka, jeune artiste d’origine polonaise, illustrent des environnements de vie commune (terrains de camping, gare de RER, centres commerciaux…). Ces derniers, s’attachant au réel, sont fabriqués et enfermés à l’intérieur de boites, multipliés grâce à un jeu de miroirs, ils deviennent irréels, impersonnels et déshumanisés. Ces « Microespaces » nous projettent dans une sorte de vertige, vision qui est renforcé par leur impression numérique. Travaillé, changé, le réel quitte sa sphère pour celle de l’irréel.
« Le vertige est un élément essentiel dans mon travail ». Ce sentiment sera sûrement une réaction intellectuelle et physique ressentie par le spectateur. Car les environnements proposés par Zofia Lipecka nous sont familiers, ils font partie de notre quotidien, pourtant ils nous déstabilisent par leur laideur aseptisée et leur concept glacial. Nous plongeons dans un monde sans âmes, ni chaleur, un monde que pourtant notre société a organisé et construit.
Zofia Lipecka prolongera cette vision du monde, en proposant aux visiteurs d’investir son salon. Des maquettes miniatures des « Microespaces », elle en proposera une à taille presque réelle. Car la vue d’une maquette miniaturisée n’est pas une immersion sensorielle. De ce salon, avec au milieu sa « boîte à réalité » : la télévision. Zofia Lipecka nous donne une vision multipliée en obligeant notre intelligence à observer notre quotidien. Au pied du mur, devant ce quotidien, nous n’avons plus d’issue possible, sur la réflexion qu'elle nous oblige à porter.