Les grands ensembles construits pour l’essentiel entre 1945 et 1975 peuvent-ils être assimilés, d’un point de vue historique, à une politique d’urgence ressentie dans le modèle architectural choisi ? Pour répondre à cette question, il est tout d’abord nécessaire de resituer le contexte dans lequel la politique publique a été décidée, mise en oeuvre et modifiée au fil des années. Dans un premier temps, nous mettrons l’accent sur le contexte de pénurie de logements qui, de la fin de la guerre au milieu des années 1950, caractérise la situation de la France. Mais l’explication de l’urgence ne peut pas suffire pour comprendre le choix qui s’est porté sur les grands ensembles. Il est en effet nécessaire de s’interroger aussi sur les motivations qui furent celles des promoteurs de cette politique. Ne s’est-il agi que de répondre à un besoin urgent ou de suggérer un nouveau modèle urbanistique et architectural ? En d’autres termes, s’est-il seulement agi de fournir un logement ou plutôt, d’accompagner la démarche par la création d’un vrai projet d’habitation ? Enfin, à l’heure de la rénovation urbaine, il sera intéressant de s’interroger sur le sens qu’il convient de donner à la volonté des pouvoirs publics de procéder à la réhabilitation d’une architecture dite «d’urgence».

Conférence par Thibault Tellier, Maître de Conférences habilité en histoire contemporaine à l’université de Lille 3 et chargé de cours à l’IEP de Lille, Thibault Tellier est spécialiste de l’histoire urbaine du XXe siècle.

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