vernissage samedi 23 septembre 2023
de 16h à 19h

Le titre de l’exposition d’Elika Hedayat Les Dépossédés, est emprunté au livre éponyme de l’écrivaine américaine de science-fiction Ursula K. Le Guin, considérée aujourd’hui comme une des figures influentes de la littérature aux États-Unis. S’intéressant à la question éthique et spirituelle de l’altérité et la prise en compte du regard de l’autre, Ursula K. Le Guin aborde des sujets de préoccupation actuels comme la mise à l’épreuve du lien social, le binarisme de genre, le féminisme, l’homme dans le règne du vivant, les menaces écologiques, la colonisation, l’expansion ou la disparition des espèces humaines.
C’est avec les mêmes interrogations et le même sentiment d’être dépossédée qu’Elika Hedayat a construit ce projet d’exposition pluridisciplinaire, à travers la représentation d’un monde imaginaire et chaotique, traversé par son propre vécu. Un travail d’une profonde et forte unité où l’artiste privilégie l’évidence muette de ses dessins, de ses peintures et de ses fresques in situ pour accomplir là une œuvre d’autant plus éloquente qu’elle oblige le regardeur à s’attarder sur la pertinence du propos.
Se libérant de toute conception décorative ou ornementale, Elika Hedayat montre un univers inspiré de faits réels allant de la révolte du peuple iranien à la chapelle des arbres à loques dans un village en France, passant aussi par des préoccupations contemporaines universelles marquant notre époque comme l’écologie et l’identité du genre.

Ses personnages – humain et animal – les sites, les villes sont tous objets d’évasion. Ses figures – multiples et pourtant familières entre elles - ne semblent tenir qu’à un fil : celui de la volonté d’expliquer le monde. L’ensemble de la série Les dépossédés représente à la fois la liberté perdue et le risque à vouloir la reconquérir.
Avec d’autres médiums - fresque, dessin, animation, vidéo - l’artiste met en espace des personnages et des signes hors de tous les itinéraires, de toutes les limitations inhérentes à nos sociétés actuelles.
Elle joue d’une authentique insubordination à l’ordre établi pour faire avancer sa réalité picturale dans le domaine de la poésie. Elle fait appel en permanence dans ses œuvres aux forces de rupture que souvent nous avons oublié : l’émotion, l’imagination, le désir du bonheur et celui d’en payer le prix. C’est une humanité presque sans visage qui existe. L’espace absorbe les êtres et les choses, on pourrait parler de réification s’il n’y avait dans le travail de l’artiste un sens du tragique qui, par-delà des choses, concerne très évidement l’humain.
Et curieusement cet art de la violence par le sujet devient en même temps un art de contemplation, de pénétration, d’intériorisation par glissement constant qui se fait entre les sujets abordés.
Avec ce nouveau travail, Elika Hedayat affirme son statut d’artiste indépendante – rétive à toute espèce de pression ou d’embrigadement. Solaire, parfois jugé solitaire, elle a acquis, par fidélité à soi, à ses origines, à sa qualité d’exilée et, de fait, à sa double culture mais aussi par le travail et par une austérité farouche qui lui est propre, un véritable sens de l’universel. Elle est une de ces créatrices uniques qui, avec ses images, fait avancer la réflexion dans le domaine des rapports de l’art avec la réalité sociale tout en conservant une authentique et courageuse rébellion graphique, hors de tout sentier battu.  

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rencontre avec l'artiste et la commissaire et visite de l'exposition
samedi 7 octobre et samedi 18 novembre, de 16h à 18h
gratuite sur inscription : maisondesarts@ville-malakoff.fr

finissage et signature du catalogue monographique en présence de l'artiste
dimanche 10 décembre, de 16h à 18h

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Une édition co-produite avec la Maison d'édition Empire, la Galerie Aline Vidal, le Frac Picardie Hauts-de-France, de la fondation Antoine de Galbert et du centre d'art contemporain de Malakoff.

elika hedayat

Née à Téhéran en 1979, Elika Hedayat vit et travaille entre Paris et Téhéran. Elle est représentée par la Galerie Aline Vidal.
Après des études de communication visuelle à l'Université publique d’Art de Téhéran, elle arrive en France en 2004. Elle est ensuite admise à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier d’Annette Messager dont elle sort avec les Félicitations du Jury en 2008. Au cours de ses études aux Beaux-Arts et dans le cadre d’un échange, elle étudie le cinéma à l’université Emily Carr au Canada. Elle intègre en 2010 le Fresnoy, le studio national des arts contemporains à Tourcoing.
Pour ses oeuvres, Elika Hedayat se sert souvent des témoignages et du documentaire expérimental mises en scène dans un univers onirique et imaginaire. Ses histoires sont contemporaines et ses personnages réels.
L’ensemble de son oeuvre revisite des références historiques, les transférant sur le terrain de l’expérience personnelle, utilisant principalement les diverses possibilités de son répertoire comme document narratif et outil de récupération de la mémoire.
Réalité, mémoire et imaginaire s’interpénètrent dans un récit personnel sous des formes différentes : Dessins, vidéos, documentaire, peinture et performance.
« Depuis des années, dans ma démarche artistique et mes dessins, je mets en scène un monde imaginaire tel que le souhaite un système de pouvoir idéologique en quête d’utopie. Système qui est pourtant fasciné par la modernité, la technologie et les médias et qui aimerait s’en servir pour arriver un jour à ce monde qu’il considère être parfait. Dans mes travaux, on voit ce système idéologique devenir difforme, mutilé. À force de vouloir réaliser l’utopie, il donne naissance à un monde chaotique, une dystopie. Dans mes dessins, la figure humaine s’entremêle parfois à l’animal et l’animal au végétal. Le rapport au corps et au sexe, le pouvoir, la domination et la mutation sont les noyaux durs de mon travail. »_H.K.

site de l'artiste

françoise docquiert

Historienne de l’art, universitaire à Paris 1 Panthéon Sorbonne jusqu’en 2020 (Responsable de la mention Direction de projets culturels et établissements publics et du master 2 Sciences et Techniques de l’Exposition.) Françoise Docquiert enseigne aujourd’hui à l’IESA. Ses recherches et publications portent sur l’esthétique de l’art moderne et contemporain et la photographie et sur le commissariat d’exposition. Elle est curatrice indépendante pour notamment  Michel Journiac, l’action photographique en 2017  la maison Européenne de la photographie et , plus récement, L’oiseau bleu- Edi Dubien Romain Bernini, Suzanne Husky -  Daegu Art Factory Septembre 2022 en Corée et La vie quotidienne pas si simple Musée d’Art Contemporain Université Naitionale de Séoul octobre 2022. Portrait (collection Damien et Florence Bachelot) au musée Reattu à Arles dans le cadre des Rencontres d’Arles 2023, une solo exposition de l’artiste Elika Hedayat à la maison des arts, centre d'art contemporain de Malakoff à l’automne 2023 et une exposition Le Temps du photographe Raphael Dallaporta pour le département du Var en 2024 à l’Abbaye de la Celle. Elle a été élue en 2022 correspondante pour la section Sculpture de l’Académie des Beaux-Arts Institut de France. Elle est également auteure de documentaire sur l’art pour ARTE :  Bernard Buffet, le grand dérangeur  2016, César sculpteur décompressé  2017 et en 2022 Oskar Kokoschka, peintre européen. En preparation un 5é mn autour de Georges Mathieu.

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