L’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’Institut ACTE s’associent au centre d'art contemporain de Malakoff pour un workshop expérimental s’inscrivant au sein du programme de recherche pluriannuel « Le monde de l’art à l’âge du capitalisme culturel », initié par Aline Caillet (MCF - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Florian Gaité (PEA - ESA Aix). Ce workshop, imaginé par un groupe de recherche réunissant des doctorant·e·s de l’Université Paris 1, interroge le devenir écoresponsable de l’art en se confrontant à la démarche décroissante du projet « Couper les fluides - alternatives pragmatopiques ».

Dans le prolongement d’une première phase d’enquête et de prospection réalisée au contact de l’équipe du centre d'art contemporain de Malakoff (11 février - 18 mars), le groupe de recherche de l’Université Paris 1 organise trois rencontres au sein de l’agora, lieu de réflexion et de débats publics dédié à la transition écologique (mercredis 29 mars, 5 et 12 avril). Ces workshops prendront la forme d’arpentages autour des textes des auteur·ice·s invité·e·s, et d’expérimentations artistiques proposées par des doctorant·e·s de l’École des Arts de Paris 1 suite à un appel à projets. Ces échanges publics aboutiront à une restitution finale (samedi 22 avril), associée à une performance de l’artiste Fabiana Ex-Souza.

doctorant·e·s membres du groupe de recherche de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : 
Maud Barranger Favreau, Ariane Fleury, Cassandre Langlois, François Salmeron

présentation des séances de travail dans l'agora
L’arpentage est une méthode de lecture collective, aujourd’hui employée dans les milieux militants, pour aborder de façon critique des travaux théoriques. S’il existe une structure de base pour l’arpentage, ce procédé n’en est pas moins polymorphe et fait l’objet d’expérimentations dans le but de créer des moments d’apprentissage originaux.
Ici, les auteur·ice·s invité·e·s confronteront leurs travaux à la méthode de l'arpentage, y compris sous la forme d'interventions artistiques. Comment arpenter une œuvre, une image, ou une carte ? Et comment l’art, la performance et la poésie apparaissent-ils comme un outil de partage des savoirs ?
Le groupe de recherche de l’Université Paris 1 propose ainsi d’aborder des questions relatives à l’éthique écologique, à la mise en place d’un nouveau regard sur la nature, sur la figure de l’« autre » ou du « non-humain » et sur nos besoins, que ce soit par le biais de la philosophie environnementale, de la transmission et des pédagogies critiques, ou des politiques féministes et queer qui offrent des outils de déconstruction symbolique et pratique essentiels dans une perspective écologique radicale.


• session 1 : écologie de la nécessité et gestes humbles
Si l’histoire est parsemée de crises environnementales, la portée globale des catastrophes écologiques actuelles reste inédite, tandis que le caractère inéluctable d’un modèle décroissant s’impose à nous. Ce premier échange reviendra sur la nécessité de reconsidérer notre rapport à l’écosystème et à la « nature ordinaire » que nous côtoyons. Il s’agira ainsi de remodeler notre perception du monde, au-delà de l’anthropocentrisme et de la technoscience.

mercredi 29 mars 2023 de 15h à 17h
invité : Rémi Beau, docteur en philosophie environnementale à l'Université Paris 1, chargé de recherche au CNRS en philosophie (iEES-Paris), Sorbonne Université.
Éthique de la nature ordinaire - Recherches philosophiques dans les champs, les friches et les jardins, Rémi Beau, Publications de la Sorbonne, 2017.

Cartographie des gestes humbles, performance collective imaginée par Salomé-Charlotte Camors, doctorante en recherche-création en arts, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.


• session 2 : transmission, pédagogie critique et archives
Les pédagogies critiques, liées aux théories anti-oppressions, participent d’un projet politique de remise en cause de l’ordre néolibéral. Elles réunissent, par ailleurs, un ensemble de travaux menés sur l’éco-pédagogie. Celle-ci a été développée dans les années 1990, entre autres, par Francisco Gutiérrez et Moacir Gadotti. Cette deuxième session s’intéresse à la relation entre pédagogies critiques, théories anti-oppressions et écologie. Elle renvoie également à la question de transmission dans un contexte de réduction des moyens pour la construction d’un autre futur.

mercredi 5 avril de 15h à 17h
invité : Irène Pereira, maitresse de conférence à l'Université de Paris 8, chercheuse au laboratoire EXPERICE, co-fondatrice de l'IRESMO et auteure de plusieurs ouvrages sur le militantisme, la sociologie du travail,  la philosophie de l'éducation ou encore l'éthique professionnelle.
textes pressentis :
« Écologie et Multiplicité des oppressions: Une Perspective problématisatrice en pédagogie critique ». Spirale - Revue de recherches en éducation, 70, 13-22.
- « Les dialogues de pédagogies radicales : Pédagogie critique et écoféminisme matérialiste ». Les Cahiers de pédagogies radicales, 2022

Performance participative d’Alexandra Sà, artiste et doctorante en recherche-création en arts, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

• session 3 : fluides, corps sensibles et matérialité
Le terme « fluides » évoque avant tout une réalité tangible : celle de substances organiques, vivantes ou incarnées, et de leur manière de se mouvoir et d’interagir au sein d’un environnement. Ces fluides relèvent aussi bien du domaine de l’architecture (eau, gaz, électricité), que de celui de la biologie avec les fluides corporels, à la fois sources et fruits de nos ressentis. Dans cette troisième session, il s’agira donc, par la question du corps et de la matérialité des fluides, de s’interroger sur les schémas possibles de (re)mise en liaison d’énergies dites sensibles.

mercredi 12 avril de 15h15 à 17h
invité : Cy Lecerf Maulpoix, militant, journaliste et chercheur indépendant.
texte pressenti :
Écologies déviantes: voyage en terres queers, Cy Lecerf Maulpoix, Paris: Cambourakis, 2021.

Avec la participation de Sofia Mavrogianni, doctorante en études culturelles et esthétique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dont le travail porte sur le discours apocalyptique, la crise de la modernité et la nature de la réalité.


restitution finale
Agora du 22 avril de 15h à 17h30
Constitué dans le cadre d’un partenariat initié par Florian Gaité et Aline Caillet entre l’Institut ACTE, l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et la maison des arts, centre d’art contemporain de Malakoff, un Groupe de Recherche composé de doctorant·es (le GRP1) a été invité à penser les nouveaux défis qui se présentent aux institutions culturelles dans le contexte d’un monde de l’art démondialisé et décroissant. Intervenant au sein même de l’exposition « couper les fluides. alternatives pragmatopiques », le groupe emmené par Maud Barranger-Favreau, Ariane Fleury, Cassandre Langlois et François Salmeron s’est interrogé sur l’art depuis l’un de ses lieux de production et de diffusion en se confrontant aux conditions d’une organisation radicalement écolocentrée. Après une phase d’échanges avec l’équipe du centre d’art, iels ont organisé trois séances d’arpentage autour des ouvrages de Rémi Beau, d’Irène Pereira et de Cy Lecerf Maulpoix, en présence de leurs auteur·ices. Cet après-midi de restitution est pensé en deux temps, l’un théorique animé par Florian Gaité en compagnie des doctorant·es, suivi d’un temps de performances sur proposition du GRP1.


Retours sur les séances d’arpentage : questions et bilans.
Discussion : quelle place pour la pensée théorique dans le cadre d’un nouvel institutionnalisme ? Quelle écologie des discours pour une pensée de l’art située ?

Transmuting force of life : vers une approche chaotique, lecture performative lecture performative de Fabiana Ex-Souza.
Mise en récit, performance de Hsin-yun Tsai (doctorante APESA, Paris 1) et Chi-Wei Lin.

aline caillet

Docteur en philosophie (Paris 10, 2005). - Enseignante en esthétique à l'Université Paris Est (LISAA, Centre de recherche Littératures, arts et savoirs) (en 2008), Maître de conférences à l'université Paris 1-Panthéon Sorbonne (Institut ACTE-UMR CNRS 8218, équipe Aesthetica (en 2014).

ariane fleury

Ariane Fleury est doctorante à l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, sous la direction d’Aline Caillet. Dans le cadre de sa thèse, elle étudie la manière dont des stratégies artistiques et curatoriales s’appuie sur des concepts issus du militantisme féministe, afin de proposer des modes de production alternatifs. Elle participe depuis 2021 au programme de recherche «Le monde de l’art à l’âge du capitalisme culturel» de l’Institut ACTE, sous la direction d’Aline Caillet et de Florian Gaité.  Elle a auparavant mené un travail de recherche, d’écriture et de commissariat d’exposition pendant deux ans au sein de l’association AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions), en travaillant entre autres à la coordination de l’exposition documentaire Be AWARE. A History of Women Artists, présentée à la BNF en 2021. En parallèle de sa double formation en management des organisations culturelles et en muséologie, elle est également coordinatrice générale pour le prix Dauphine pour l’art contemporain en 2018, et co-curatrice de l’exposition (C)overt Corporeality à la galerie Art Exchange à l’Université́ d’Essex en Angleterre en 2017. Ses recherches ont été présentées à l’Université de Tours, ainsi qu’au sein des revues Marges et Figures de l’Art (à paraître en 2023).

cassandre langlois

Cassandre Langlois est doctorante de l'École doctorale arts plastiques, esthétique et sciences de l'art de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (dir. Aline Caillet). Ses recherches s’articulent autour de la rencontre entre pratiques scéniques et curatoriales, et sur la manière dont celles-ci parviendraient à engendrer une para-institution. Parallèlement, elle participe à la mise en place de manifestations artistiques comme « La nouvelle adresse » (2018, Cnap, cur. Juliette Pollet) et conçoit différents projets curatoriaux dans lesquels la partie live est primordiale. Ainsi, elle co-fonde, avec Simona Dvorak, la plateforme ex situ (2018) et crée, avec l’artiste Flora Bouteille, le bureau d’études Together Until_What? (2020). Ce dernier se dédie à l’expérimentation de dispositifs et à la production de connaissances sur la performance, envisagée ici à travers différents enjeux politiques et sociaux. Dans le cadre des activités de ce bureau, elle a réalisé le commissariat de l’exposition « Tout dans le cabinet mental » au Centre d’art contemporain d’Ivry – Le Crédac (printemps 2022). Par ailleurs, elle a développé, avec Marianna de Marzi, le projet Meeting Points : un format de travail décéléré, inclusif et convivial donnant lieu à des échanges artistiques entre les Caraïbes et l’Europe. La première étape s’est tenue en Martinique en décembre 2022 et janvier 2023.

fabiana ex-souza

Artiste performeuse afro-brésilienne, Fabiana Ex-Souza vit à Paris depuis 2010. Elle développe une pratique transdisciplinaire, alliant la performance, la vidéo, l’installation et la photographie, particulièrement intéressée à l’emploi dans ses œuvres de matériaux issus du monde végétal. En 2014, attentive aux problématiques liées à la diaspora africaine, elle s’est donné le droit, par auto-décret poétique-politique, d’expurger son nom d’esclave, devenant ainsi Ex-Souza. Après ce moment fondateur, les processus de guérison, hérités de sa grand-mère amérindienne, deviennent pour elle un terrain d’étude et d’approfondissement pour déployer une pratique artistique liée à l’écologie du soin. Elle investit notamment la notion de « corps politique » pour mener une réflexion sur la réactualisation des archives, les réparations, la transmission et les processus de « transmutation » de ce que l’artiste appelle « des objets fantômes ».

florian gaité

Docteur en philosophie, ATER en Esthétique et philosophie de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Florian Gaité est chercheur associé à l’Institut ACTE (axe « Esthétique et théories critiques de la culture »). Membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art,lauréat du Prix AICA-France 2019, Florian Gaité a travaillé pour la presse écrite (Artpress, The Art Newspaper, paris-art.com…) et la radio (« La Dispute » sur France Culture) dans le champ des arts plastiques, de la performance et de la danse. Il publie en 2021 un recueil de critiques Tout à danser s’épuise aux éditions Sombres torrents.

site de l'auteur

françois salmeron

Né en 1984, vit et travaille à Paris.
Critique d’art et trésorier du bureau de l’AICA-France (Association Internationale des Critiques d’Art), François Salmeron contribue actuellement au Quotidien de l’Art et à son Hebdo.
Il a été assistant d’émission pour Les Nouveaux Chemins de la Connaissance sur France Culture, et journaliste chez Philosophie Magazine.
Doctorant en philosophie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Ecole doctorale Arts Plastiques, Esthétique et Sciences de l’Art), François Salmeron développe ses recherches autour des éthiques et des esthétiques environnementales et prépare, en parallèle de sa thèse, un ouvrage dédié à l’art écologique (Editions Caza d’Oro, à paraître fin 2023).
Il est chargé de cours à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (philosophie de l’art), ainsi qu’au Département de Photographie de l’Université Paris 8 Saint-Denis (atelier d’écriture critique).
Commissaire d’exposition, il codirige la Biennale de l’Image Tangible, événement dédié aux nouvelles pratiques photographiques à Paris.
Il a édité plusieurs recueils de poésie, dont Le Chasseur de Minuit (2007), Le Funambule (2009), Fréquences (2013), Je me suis tu (à paraître), et se consacre à la musique blues et jazz en tant que batteur.

site de l'auteur

maud barranger-favreau

Maud Barranger-Favreau est doctorante de l'École doctorale arts plastiques, esthétique et sciences de l'art de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et rattachée à l’institut ACTE.
Sa thèse, en esthétique et théorie critique de la culture sous la direction de Aline Caillet, porte sur l’état contemporain du statut d’artiste plasticien en France, saisi dans la perspective d’un héritage, réel et symbolique, de la modernité et interrogé au regard de la situation socio-économique actuelle des artistes.Elle est par ailleurs diplômée d’un master 2 Théorie des arts et de la culture par l’université Paris 1 et titulaire d’un Diplôme national d’expression plastique par l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy. Au sein de l’association Yes We Camp, elle a travaillé plusieurs années en tant que coordinatrice, notamment pour le projet des Grands Voisins à Paris.

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