En décembre 2019, le centre d'art a initié un nouveau format de résidence hors les murs : « la supérette », destinée à accueillir des collectifs d’auteur·e·s. Pour cette première résidence,  le collectifantome, composé de Joana Attia, Julie Bartholomé et Jade Maily, a été retenu à l’unanimité. Leur projet a rencontré celui du centre d’art, dans une volonté commune de faire de la supérette un lieu de partage, de création et de recherche ouvert aux habitant·e·s du quartier – acteur·rice·s principaux·les de ce territoire et de ses revendications.

Le collectifantome a choisi d’investir la supérette comme un atelier modulable et en évolution, afin de « donner la parole, être à l’écoute et laisser place à l’accident, au potentiel sensible de chacun·e », ainsi que les trois artistes décrivent leur processus artistique.


Prévue du 4 décembre 2019 au 4 avril 2020, la résidence du collectifantome s’est articulé autour de deux axes : les ateliers de pratique artistique (workshops édition et plans mercredis), la cuisine et le partage du repas. Ces deux activités ont servi de fils directeurs dans la pratique de chacune des artistes, tout autant que de support pour aller à la rencontre du territoire. Chaque activité proposée a été le prétexte à des discussions et à la co-construction continuelle de récits. Elles ont été organisées au fil des semaines, dans le cadre d’une présence quotidienne du collectifantome à la supérette, chaque après-midi du lundi au vendredi. Cette présence a été complétée par une permanence hebdomadaire du centre d’art à la supérette, qui ont été l’occasion de provoquer des rendez-vous ou d’improviser des rencontres.


Voulu comme un espace d’expérimentation pour les pratiques collectives et second lieu du centre d’art, à côté de la maison des arts qui reste un lieu de diffusion, la supérette a débuté en même temps que la résidence du collectifantome. Le projet du collectif a également été choisi car les trois artistes-designeuses qui le constituent ont souhaité investir ce lieu encore brut pour se l’approprier.

Le premier mois de résidence a donc eu pour objet d’aménager et de meubler l’espace de la supérette, en collaboration avec l’équipe du centre d’art, les services de la ville de Malakoff et les autres partenaires (la Ressourcerie de Malakoff et l’AMAAM), respectant l’objectif éco-responsable fixé au préalable. L’ouverture au public s’est faite à partir du 8 janvier 2020, à l’occasion d’un premier rendez-vous à l’initiative du collectifantome, « Galette sur Saturne ». Le 29 janvier 2020, l’inauguration de la supérette, en présence des représentants de la ville de Malakoff et des partenaires du centre d’art, a offert un temps de rencontre plus large avec ce nouveau lieu.

La résidence a ensuite suivi son cours, entre rendez-vous individuels et collectifs, rencontres informelles et événements programmés. Ces quatre mois de résidence ont été marqués par l’enthousiasme d’une ouverture de lieu, les hésitations d’une installation et l’accueil chaleureux des habitant·e·s et usager·e·s du quartier de Stalingrad, premiers publics de la supérette. La fréquentation a été positive et a permis d’établir des liens durables avec le territoire et ses usager·e·s, qui bénéficieront aux futurs projets de la supérette. Cette première expérience positive n’en a pas moins été marquée de difficultés, du fait d’un contexte général spécifique : le froid de l’hiver dans une résidence à l’état brut ; les grèves en décembre 2019 et janvier 2020 ; la crise sanitaire du Covid-19 et le confinement dès le 17 mars 2020.

Ce contexte a bien sûr touché en premier lieu le collectif qui, bien que soutenu par l’équipe du centre d’art, a vu sa résidence raccourcie et ses activités parfois empêchées. La restitution prévue à compter du 14 mars 2020 comportait une programmation élargie incluant la résidence performée de Violaine Lochu, sur invitation de Florian Gaité, et un partenariat avec le Théâtre 71 - scène nationale de Malakoff, dans le cadre du Festival Marto. Cette journée prévue comme un temps fort dans le quartier de Stalingrad a du être annulée en raison des mesures sanitaires. L’exposition qui devait être évolutive au fil de ses trois semaines d’ouvertures a également été annulée. Pendant la période de confinement, les artistes du collectifantome se sont recentrées sur leurs pratiques personnelles et le centre d’art a poursuivi sa programmation en ligne, via les réseaux sociaux.

collectifantome

Le collectifantome est constitué de trois jeunes artistes et designeuses issues de l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon, Joana Attia, Julie Bartholomé et Jade Maily. Il est né du désir de mêler leurs pratiques respectives autour d’actions communes, pour faire se rejoindre leur démarches artistiques personnelles. Un des objets principaux de cette union est la création d’une revue trimestrielle participative, dont le but est de promouvoir oeuvres et écrits d’artistes et de créateurs autodidactes.

Artiste designeuse, Joana Attia (née en 1993, à Paris) pense l’espace urbain comme un lieu de socialisation. Elle cherche à recréer des espaces de rencontre laissant place aux échanges et à la prise de parole à travers l’installation de dispositifs et d’objets dans l’espace public. Qu’il s’agisse de détourner la forme traditionnelle de la tribune afin d’encourager l’expression et le débat ou de repenser l’assise citadine comme outil de conversation, les projets de Joana Attia pensent la ville comme une scène où la circulation des voix et des idées doit redevenir centrale.

Pluridisciplinaire, le travail de Julie Bartholomé (née en 1994, à Viriat) s’articule autour de l’évolution du langage et de ses usages, principalement à partir de l’influence des technologies : collecte de matière textuelle, création de dispositifs d’échanges, détournement des usages des réseaux sociaux et jeu sur la plasticité de leurs interfaces, etc. Ses oeuvres déjouent et interrogent les modes de communication actuels à travers des installations, des vidéos, des photographies, des écritures ou des sculptures qui questionnent la modulation des échanges et notamment les correspondances amoureuses.

De la photographie à la vidéo en passant par l’écriture, la pratique de Jade Maily (née en 1996, à Beaune) se nourrit autant d’expériences personnelles que de rencontres avec un environnement et ses constituants, afin de créer des récits qui oscillent entre le documentaire et la fiction. Sensible à l’organisation du territoire et aux rapports de communication entre règnes du vivant et du non-vivant, l’observation du paysage qui l’entoure devient le moyen de rendre visible et dicible ses constituants. Ses oeuvres sont une invitation à porter un regard à la fois contemplatif et conscient des enjeux écologiques et sociaux.

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